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Retrospective reviews of classics

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Sticky Fingers

20221115
Sticky Fingers

Détail amusant et typiquement Stonien : le 1er pressage anglais du LP avait CUN 59100 pour référence qui deviendra vite COC 59100 toujours pour les anglais mais aussi pour les US les français et les allemands. Le pressage français dont je fais référence ici est donc COC 59100


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Sticky fingers: one inclined to steal everything within reach, as if their hands were covered with glue. Used either to describe the culpable thief or the hands themselves. "Hey sticky fingers, you best keep your hands in your own damn pockets."

Produit par Jimmy Miller - Ingenieurs du son: Glyn Johns, Andy Johns et Jimmy Johnson.

Musiciens: Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts, Bill Wyman, Mick Taylor, Nicky Hopkins, Billy Preston, Ian Stewart, Bobby Keys, Jim Price, Jim Dickinson, Jimmy Miller, Jack Nitzsche, Rocky Dijon, Ry Cooder, Paul Buckmaster, Pete Townshend, Ronnie Lane, Billy Nicholls.


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Side 1
Brown Sugar
Sway
Wild Horses
Can't You Hear Me Knocking
You Gotta Move


Side 2
Bitch
I Got the Blues
Sister Morphine
Dead Flowers
Moonlight Mile


Attention chef d'oeuvre. Comme les Beatles avant eux les Rolling Stones 2eme mouture se permettent de sortir plusieurs chef d'oeuvres coup sur coup. Ils vont même plus loin en se payant le luxe de sortir un live anthologique dans la foulée ce que les Beatles n'ont pas réussi à faire.

Malgré l'admiration que j'ai pour 'Bleed' et 'Exile' je pense que 'Sticky' non content d'être LE sommet de la discographie des Rolling Stones balaye toute une époque. C'est un disque avec des musiciens en parfaite osmose avec des arrangements ciselés et d'une subtilité bluffante. En ce début de décennie les choses bougent y'a un truc nouveau dans l'air. On va vers le glam.

Avec son amballage culte estampillé Andy Warhol 'Sticky Fingers' est avec 'Let It Bleed' la déclaration la plus cohérente des Stones. Il est aussi leur premier disque sur leur tout nouveau label étincelant. Ils perfectionnent le son qu'ils forgent depuis des années un alliage de rock et de blues tinté de soul qui restera pour toujours leur marque de fabrique voir leur raison d'être.

Ceci est vraiment la pèriode la plus intérresante du groupe sur 'Sticky' comme sur 'Get Yer' les Stones sont le plus grand groupe de rock 'n' roll du monde. Débarassés de la vieille Decca ils créent donc leur propre label dont le logo fut conçu pour nous faire penser aux Stones au premier coup d'oeil. Dans les interviews d'époque Mick donnait l'impression que les disques des Stones seraient dorénavant vendus au consommateur directement sans passer par l'intermédiaire une maison de disques capitaliste. Un projet qui vous l'aurez compris ne s'est jamais concretisé.

Je ne sais pas si c'était pour abreuver le mythe que Jagger est pingre il y a bien longtemps j'avais entendu dire je ne sais plus trop où que John Pasche le créateur du "tongue and lip design" c'est à dire le logo le plus célèbre du monde de la musique aurait touché la modeste somme de 50 livres pour sa tâche avec tenez vous bien un bonus de 200 livres en 1972. Et il avait cependant continué de travailler pour les Stones jusqu'au moins en 74 c'est lui qui avait fait les affiches des tournées européenes de 1970 et 73 et aussi les affiches de la tournée américaine de 72. J'ai lu quelque part récemment que Marshall Chess aurait contribué lui aussi à la conception du logo.


En ce qui concerne la fondation du nouveau label j'imagine que nous aurons le temps d'en parler pour ma part je ne dispose pas de beaucoup d'info sur le sujet. Pour voir l'histoire dans son contexte les Stones avaient très hâte que leur contrat chez Decca expire. Je ne sais pas quand exactement ils se sont rendu compte que Klein était en possession de leur catalogue de chez Decca mais quand ils ont appris que Marshall Chess avait vendu Chess Records et que celui-ci se regardait autour pour fonder un nouveau label les Stones n'hésitèrent pas. Ensemble ils ont fondé Rolling Stones Records en 1971 un label indépendant avec Chess comme 1er président et Atlantic Records le label légendaire d'Ahmet Ertegün fut leur distributeur dans un 1er temps.

Dans une déclaration qui date de 1971 Keith avait dit qu'ils n'avaient pas l'intention de l'appeler 'Sticky Fingers' ce titre était juste le titre de travail. Il avait cependant précisé que: usually though the working titles stick. Charlie se souvient que comme d'habitude la stratégie de Keith était d'aller enregistrer en pleine tournée pendant que le groupe est en pleine forme ainsi des prises de 'You Gotta Move' 'Brown Sugar' et 'Wild Horses' furent enregistrées vers la fin 1969 aux Studios de Muscle Shoals en Alabama en pleine tournée américaine.


Les sessions le mixage


De 1966 à 1972 les Stones ont enregistré 6 albums aux studios Olympic qui d'ailleurs n'existent plus aujourd'hui ils furent vendus en 2009 soit 3 ans après que le Studio de Muscle Shoals fut classé monument historique en Alabama.

Contrairement aux Beatles par exemple qui enregistraient presque toujours dans les mêmes studios l'histoire des sessions des Rolling Stones est un vrai labyrinth comme on a pu le voir. Beaucoup d'info à ce sujet qui sont dispo dans les bouquins consacrés aux enregistrements des Stones sont basées sur des interviews qui circulent sur des bootlegs ou des conclusions et autres approximations divers il n'y a pas toujours de preuves comme avec Lewisohn qui lui avait accés aux archives des Beatles. Beaucoup d'archives des Stones furent perdues voir détruites avec allez savoir combien de démos.

Je ne m'étais jamais vraiment penché sur la question de la chronologie des sessions de SF. Pour moi cela se résumait plus ou moins sur quelques images qu'on voit dans le film 'Gimme Shelter' et quelques photos du Rolling Stone Mobile. Je vous fait part du résultat de mon enquête sur l'enregistrement et le mixage qui s'étale sur environ deux années je compte sur vous pour corriger des erreurs éventuelles. On peut constater que 'Exile' commençait à prendre forme. Avec des "si" c'est à dire sans l'exile en France SF aurait pu être un double. Seulement 3 chansons qui sont sur l'album êtaient déjà composées avant d'entrer en studio et il avait fallu faire tout le reste pendant les tournées les promo divers les shows télévisés ect.

Du 2 au 4 décembre 1969 les Stones enregistrent aux studios de Muscle Shoals en Alabama. Le 2 décembre ils auraient enregistré 19 prises de 'You Gotta Move' la plupart furent éffacées. Le 3 décembre ils répètent 'Brown Sugar' toute la nuit jusqu'à ce qu'ils optiennent une prise qui leur plaise la track retenue est celle avec Stu au piano et les "oh baby" à la fin. Le 4 décembre ils enregistrent 12 prises de 'Wild Horses' la plupart furent effacées celle avec Jim Dickinson au piano fut utilisée comme démo offerte à Gram Parsons pour sa propre version. Une autre version de 'Brown Sugar' fut couchée cette nuit-là avec un meilleur mix toujours Stu au piano mais pas de saxo. Des séquences de Muscle Shoals furent filmées par les frères Maysles pour le film 'Gimme Shelter' on peut les voir entre autre écouter un playback de 'Wild Horses'.

Mi décembre de l'autre côté de l'atlantic ils continuent de travailler sur 'Brown Sugar' 'You Gotta Move' 'Wild Horses' et enregistrent 'Dead Flowers' aux studios Olympic de Londres. C'est le 17 février 1970 toujours aux studios Olympic qu'eurent lieu les sessions finales de 'Wild Horses' 4 mix différents dont la version qui est sur SF. Ils l'ont vraiment peaufinée celle-là.

De mars à mai 1970 en plus des studios Olympic les sessions se poursuivent dans le Stone Mobile chez Mick dans sa maison de Stargroves ils enregistrent une démo de 'Cocksucker Blues' un petit cadeau spécial pour Decca à qui ils devaient encore un single. 'Dancing In The Light' un instrumental avec Stu au piano Jimmy Miller aux percussions et 'I Got The Blues'. Les titres suivants auraient été enregistrés mais ce n'est pas certain : 'As Now' 'Rock It' 'Travelling Tiger' 'Who Am I?' et la version de ' You Gotta Move' qui est sur SF.

Du 16 Juin au 27 Juillet 1970 retour aux studios Olympic : 'All Down The Line II' et le 'Can't You Hear Me Knocking' avec la jam qui est sur SF avec Jimmy Miller aux percussion Rocky Dijon aux Congas et Bobby Keys au Saxo sont enregistrées avec 'I'm Going Down IV' 'Shine A Light II' 'Who Am I? II' et 'Leather Jacket' un instrumental de Mick Taylor dans la même session. C'est une des sessions de cet album qui donne vraiment envie d'y être. Une session d'enfer.

C'est probable que les titres suivants proviennent de ces sessions mais pas vérifié : 'Aladdin Stomp' 'Candlewick Bedspread' ''Hey Mama' 'Shake Your Hips' 'Stop Breaking Down I' 'Sweet Virginia I'. le travail sur 'Stop Breaking Down' et 'Sweet Virginia' a probablement commencé en Juin 1969.

Du 17 au 31 octobre les sessions se poursuivent entre Stargroves et les studios Olympic : 'So Divine (Aladdin Story) II' un instrumental avec Bobby Keys au saxo 'All Down The Line III' version acoustique mais cela n'est pas verifié 'Bitch I' avec Bobby Keys au saxo Jim Price à la trompette et Jimmy Miller aux percussions puis différents mix de la version III de 'Bitch' dans laquelle on entend des ad-libs vocaux de Mick pendant le solo de Keith et 'Bitch II' avec Bobby Keys au saxo Jim Price à la trumpette et Jimmy Miller aux percussions c'est la version de SF. Une des premières versions de 'Hide Your Love' mais cela n'est pas vérifiè non plus puis 'Moonlight Mile' version SF avec les cordes de Paul Buckmaster 'Potted Shrimps' un instrumental de Nicky Hopkins le 'Red House' d'Hendrix (à vérifier) 'Shake Your Hips II' une des premières versions avec Stu au piano puis une des premières versions de 'Silver Train' avec un coda un peu plus long que la version 'Goats Head Soup' une version 'rough' de 'Stop Breaking Down' toujours Stu au piano 'Sway I' la side B du single 'Wild Horses' avec les cordes et les arrangements de Paul Buckmaster et 'Sway II' la version SF. 'Sweet Black Angel I' qui en est encore au stade instrumental (à vérifier) 'Sweet Virginia II' une des premières versions connue avec Stu au piano Bobby Keys au saxo et pas encore de choeurs 'Traveling Man' Nicky Hopkins au piano 'Tumbling Dice II' avec toujours Nicky Hopkins au piano son titre de travail était 'Good Time Woman' avec un texte différent c'est la version remasterisée d'Exile de 2010.

La nuit du 18 décembre 1970 anniversaire de Keith ils enregistrent la version de 'Brown Sugar' aux studios Olympic avec Clapton à la slide et entre autre quatre nouvelles prises de 'Cocksucker Blues'. 

L'album


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Le thème des 10 chansons de 'Sticky Fingers' c'est les femmes le sexe la drogue la lassitude la frustration la dépression un thème qui colle à leurs vies de Stars. Jimmy Miller est l'homme responsable d'avoir avoir mis en boîte les meilleurs albums des Stones soit de 'Beggars Banquet' à 'Goats Head Soup' ici Miller et son team capturent le groove de Bill et Charlie les riffs de Keith les harmonies et les envolées planantes de Taylor la voix de Jagger les cuivres de Bobby Keys et Jim Price la slide de Ry Cooder et les pianos de Nicky Hopkins Billy Preston et Ian Stewart avec une aisance et une précision chirurgicale. Un vrai pro. Keith a écrit dans sa bio qu'au début circa 'Beggars Banquet' si Mick était plus réservé pour l'employer Keith avait tout de suite reconnu des qualités excellentes en l'homme de plus il était fan de ses productions comme l'album de 'Blind Faith' le 'Spencer Davis Group' ect.

Keith se souvient qu'ils avaient tous été surpris après sa sortie de constater combien cet album semble s'être fait tout seul. Il garde des bons souvenirs de ces sessions éparpillées sur 2 ans et 2 continents malgré le fait qu'il était en tournée la plupart du temps. 'Sticky Fingers' est un des trois préférés de Keith avec 'Beggars Banquet' et 'Let It Bleed'. 'Sticky' est l'album préféré de Mick Taylor de la pèriode où il était un Rolling Stone. Dans son livre Keith remarque que quelques unes des compositions de SF sont liées au fait qu'il savait à l'avance que Taylor allait trouver le bon plan. Je suis un de ceux qui avait déploré le départ de Taylor de chez les Stones c'était terrible. L'arrivée de Ron Wood avait eu le mérite de coincider avec la tournée où j'avais enfin pu les voir. 



BROWN SUGAR

I've got a new one myself. No words yet, but a few words in my head - called Brown Sugar - about a woman who screws one of her black servants. I started to call it Black Pussy but I decided that was too direct, too nitty-gritty.
- Mick Jagger, December 2, 1969, on the way to Muscle Shoals Studios from Stanley Booth's The True Adventures of the Rolling Stones.

J'ai longtemps cru que le riff était de Keith en fait le riff de 'Brown Sugar' est un riff signé Mick Jagger. Il se souvient avoir composé la mélodie en Australie pendant le tournage de Ned Kelly quelque part entre Melbourne et Sydney. L'intro est magique puis il y a cette guitare acoustique qu'on entendra plus jamais en live. La combine de Keith de se servir de guitares acoustiques pour faire ombre aux électriques fonctionne à merveille sur 'Brown Sugar'. Dans le livre de Keith on apprend que Mick a écrit le texte dans le studio en 45 minutes et le 'Skydog' sur le 1er couplet est bel et bien une référence à Duane Allman guitariste des Allman Brothers mort fin 71 d'un accident de moto. 'Sydog' c'était son surnom à Muscle Shoals. Juste après Muscle Shoals les Stones avaient testé 'Brown Sugar' sur scène à Altamont ils étaient conscients qu'ils venaient encore de pondre un gros truc. C'est une de celles qui étaient déjà rodées bien avant de tourner sur nos platines en single ou album.

La version enregistrée pour l'anniversaire de Keith le 18 décembre 1970 aux studios Olympic avec Clapton à la slide est pas mal mais je préfère la version de SF. C'est d'ailleurs un peu le modèle sur lequel Mick et Keith écriront d'autres tubes dans le futur mais celle-ci est une référence c'est une des Big 5 des Stones aux côtés de ' Satisfaction' 'Paint It Black' 'Jumpin' Jack Flash' et 'Honky Tonk Women'.

'Brown Sugar' fut publié sur les compiles 'Hot Rocks, 1964-1971' 'Singles Collection: The London Years' 'Jump Back: Best of 71-93' et 'Forty Licks'.

SWAY

On entend la voix de Keith dans les choeurs avec ceux de Pete Townshend Ronnie Lane et Billy Nicholls mais il ne joue pas de guitare sur 'Sway' cette grosse rythmique bien grasse eh oui c'est bien Mick. J'imagine que Keith lui a confié sa place avec regret selon lui Mick se débrouille pas mal avec une acoustique mais l'électrique c'est pas du tout son truc. Taylor s'occupe de la slide et du solo. C'est une des 3 chansons de cet album qui m'avait prit du temps à apprivoiser. La guitare me gavait et les it's just that demon life has got me in its sway je les trouvais trop répétitif. Le grand moment de 'Sway' c'est le solo anthologique de Taylor. Et bon sang quel beat le Charlie. Les années ont passées maintenant je trouve que c'est une des harmonies les plus collantes d'un lot d'harmonies pourtant bien collantes dans l'ensemble.

WILD HORSES

Du très grand Jagger/Richards. 'Wild Horses' est une des plus belles perles de leurs créations acoustiques. Des l'intro moi je fond. Childhood living is easy to do. Un peu comme mon "syndrome Let It Bleed" ça me fait un bien pas possible de revivre certaines scènes de ma vie grâce à la magie de la musique. Quand on écoute attentivement cette chanson on ne peut que réaliser qu'on est face à un vrai petit monument au sein d'un plus grand monument qui est SF. Avant que Charlie déboule sur le refrain et les choeurs de Keith écoutez bien les deux guitares acoustiques une des deux est une douze cordes et la slide au milieu c'est divin. Et dire qu'à la base c'était juste une berceuse que Keith avait écrite pour son fils Marlon mais Mick qui est un excellent lyriciste l'avait peaufinée à Muscle Shoals. Sur cette chanson que dis-je sur tout ce disque Mick Jagger est le meilleur chanteur du monde.

CAN'T YOU HEAR ME KNOCKING

Un monument de rock de blues de funk. Dans Life Keith expliquait que le riff lui est venu sans chercher. Ils avaient jammé dessus lui et Charlie et tout le monde disait que c'était sacrément groovy. Une des préférées de Mick Taylor qui se souvient que la jam à la fin n'était pas prévue. Ils étaient là à jammer dans le studio sans savoir que les bandes tournaient dans la cabine. C'est après quand ils ont entendu la bande qu'ils ont realisé qu'il y avait deux parties : la chanson et la jam. Donc le plus grand solo de Taylor en studio fut enregistré alors qu'il ne savait pas qu'on enregistrait. Cette anecdote en dit beaucoup sur l'éfficacité de Miller et son team. Tout est immense sur ce titre un riff meurtrier de Keith qui cisaille les baffles comme une lame de razoir un Jagger bien teigneux un Taylor qui visite les sonorités de Santana des percus sur un tempo de samba on voudrait que ces 7 minutes 17 ne s'arrêtent jamais.

YOU GOTTA MOVE

Les Stones s'approprient le 'You Gotta Move' du vieux Fred Mcdowell c'est devenu la nouvelle habitude de Mick et Keith que de réinventer complètement des blues traditionels comme le 'Prodigal Son' de 'Beggars' et le 'Love in Vain' de 'Let It Bleed' de garder la structure et réinventer des arrangements. Les slides sont de Mick Taylor et Keith. C'est tout de même le truc parfait pour fermer une face parfaite de son état. Je crois que jusqu'ici on s'en prend tous plein la gueule et il n'y a pas de raisons pour que ça change alors on retourne le disque.

BITCH

Même principe que le single 'Brown Sugar' c'était aussi le choix parfait pour ouvrir la side B de l'album il fallait quelque chose qui dépote et 'Bitch avec ses cuivres Motown remplit aisément cette fonction. Le groove est tout à fait digne des plus grands du rythm and blues. Bobby Keys et Jim Price font un sacré bon boulot sur un riff encore trouvé par Keith. La version mono single est pêchue je lui préfère néanmoins la version large de SF. Comme sur toutes les chansons de cet album Mick Jagger est au sommet de ses capacités vocales ce qui est une des raisons pourquoi la place de SF dans la discographie des Stones est tout en haut.

I GOT THE BLUES

If you don't believe what I'm saying at 3 o'clock in the morning baby, I'm singing my song for you. C'est d'une précision et d'une beauté angélique rassurez moi et dites moi que je ne délire pas. Le rendu est basic c'est juste du blues mais il y a un certain feeling une pureté dans la voix lasse de Mick c'est simplement grandiose avec l'orgue de Billy Preston le sax et la trompette de Bobby Keys et Jim Price la messe est dite . C'est une des chansons phares de l'album pour sûre. Ecoutez la version live au Marquee Mick délivre une performance vocale presque similaire à la version de l'album qui n'est pas encore sortie à ce moment. Y'a aussi un solo de Taylor à tomber sur cette version du Marquee. On est loin du concert d'Hyde Park. Ici les deux Mick se complètent à présent chacun dans leur art respectif. Taylor est toujours très rapide à réagir aux demandes de Jagger et Jagger s'inspire beaucoup sur le lead de Taylor pour ses gesticulations scèniques. Sur la version mono promo de 'I Got the Blues' dispo en bootleg on entend le vinyle crépiter j'aime beaucoup la grâce authentique de cette version.

J'ai toujours pensé que le jour de la mort d'Otis Redding le monde a été privé d'une cover qu'Otis aurait fait de cette chanson. Une des missions d'Otis fut d'enregistrer 'Satisfaction' mais hélas il n'aura pas eu le temps d'enregistrer 'I Got the Blues'. Regret éternel. Cette chanson était faite pour lui nan mais là c'est juste mon petit délire personnel ne faites pas attention.

SISTER MORPHINE

Enregistrée aux studios Olympic lors des sessions de 'Let It Bleed'. Y'en a qui la trouvent morbide. Certains ne l'aiment pas bon alors là c'est subjectif. Moi je l'adore. C'est pas à propos de la drogue dixit Mick c'est l'histoire d'un accident. Mouais comme tu veux Mick. Ce qui est certain c'est que c'est un moment intense. D'une certaine manière les chanteurs sont des comédiens ils doivent modeler leur texte à leurs émotions ou le contraire si vous préférez d'ailleurs sur scène les incarnations divers c'est l'essence même de Jagger combien de fois a-t-il incarné Satan. Sur cette chanson il incarne un junkie d'une façon touchante oh and I don't think I can wait that long, oh you see that I'm not that strong. Toujours est-il que ode à la morphine ou pas cette chanson ne fut pas écrite pour donner envie d'en prendre bien au contraire. La slide de Ry Cooder évoque le cauchemar de la décroche à la perfection. Cela dit on peut affirmer que Mick aura fait tout ce qu'il peut pour être admiré des uns et détesté des autres. La phrase please sister morphine turn my nightmare into dreams à mon avis ne suffit pas pour certifier que c'est une chanson pro morphine ceci était apparemment une idée de Marianne Faithfull dont la version je ne suis pas fan soit dit en passant. Et je crois savoir qu'elle était bien placée pour en parler c'est certain que la morphine ça fait du bien quand tu as mal et même si tu as mal nulle part tu peux aussi en prendre mais ça finit toujours mal. De nouveau la décroche c'est une vraie salope. Décrocher de l'opium ou de la morhine ca fait mal. La décroche d'heroine c'est pire mais alors la décroche d'héroine et de cocaine (speedballs) le cocktail de Keith de cette époque on en parle même pas. L'horreur. Il écrit dans sa bio que si Mick avait choisi la flatterie pour faire face à l'audience lui il avait choisi la drogue. Avec Anita il a du assumer plus de décroches qu'il a envie de se rappeler. Cet homme est un héros pour avoir survécu cet enfer.

DEAD FLOWERS

Quand les Stones font du country rock c'est parce qu'en fait ils ne se sentent pas si éloignés de ce genre. C'est Mick qui chante mais Keith aurait très bien pu assurer le lead au lieu du backing. Mick lui-même disait que c'était bien dans les cordes de Keith. Il faut dire qu'ici l'exercice de style est super réussi tant au niveau musical tant au niveau du texte qui est marrant. Encore une fois on applaudit Taylor pour sa précision harmonique et ce beau petit solo. Avec 'I Got The Blues' 'Can’t You Hear Me Knocking' 'Wild Horses' 'Bitch' et 'Brown Sugar' 'Dead Flowers' était sur la setlist du "Goodbye Tour" Anglais de 4 au 14 Mars 1971 et ils semblaient s'éclater à la chanter pendant la tournée 1972. Je pense aussi à la version live au Marquee les ''glimmer twins' brillent comme des Limousines sur ce refrain. 

MOONLIGHT MILE

Dans ma vie la sortie de ce disque coincide avec mon arrivée à Paris. C'est marrant juste au moment où les Stones fuient les taxes de sa Majesté la Reine ils s'exilent sur la côte que je venais juste de quitter. Comme pour célébrer ma 1er vraie chaîne hifi SF passait en boucle mais je me souviens que pour au moins trois chansons cela avait été loin d'être le coup de coeur à la première écoute ainsi à ma grande honte je cite 'Sway' pour les raisons évoquées plus haut 'You gotta move' que je trouvais gnan gnan sans finesse 'et 'Moonlight Mile' que je trouvais long et anecdotique. Avec les années heureusement j'ai vu la lumiêre et maintenant j'adore tout.

Je ne sais pas vous mais quelques secondes avant la fin de 'Moonlight Mile' j'entends toujours le riff piano accéléré de 'She's a rainbow' c'est une habitude. Je crois que c'était aussi ce côté fareout que j'aimais pas au début mais bon sang quelle conclusion éloquante pour un album si intelligent. Le texte est très poétic et ça colle avec l'arrangement des cordes. C'est la seule piste de l'album où l'on ne trouve aucune trace de Keith. Taylor se souvient que Jagger lui avait chanté la mélodie dans un wagon de train 1er classe entre Londres et Bristol. Ils ont ensuite embelli la chose à Stargroves où Taylor contribue le riff basé sur les cordes. En conclusion j'imagine le 'Moonlight Mile' comme un rêve que pourrait faire un rock star en pleine tournée dans un motel rempli de hookers de dealers et de Mexicains en cavale mais en fait le moonlight mile était tout simplement un terme employé pour décrire un trip à la cocaine.

Le 26 mars 1971 peu après le "Farewell Tour" une mini tournée du royaume uni pour dire adieu à leurs fans anglais soit un mois avant la sortie de SF les Stones se produisent au Marquee Club de Londres pour 2 concerts privés et on y avait eu droit à la télé dans nos contrées.


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Artwork

La pochette de SF est certainement unique dans son genre ce qui symbolise assez bien le contenu. Je pense que c'est Mick qui avait demandé à Warhol de faire une pochette et ce dernier aura vraiment tapé dans le mille avec sa 'zipper cover' qui avait si marquée le régime franquiste au point de la censurer pour en imposer une qui est certainement plus choquante pour un ado que l'anatomie entre le dessous du nombril et le dessus des genoux d'un male en jeans. Mais je constate que cette pochette dérange toujours. Il y a seulement 2 jours de cela j'ai héberge la pochette et l'artwork qui est à l'intèrieur sur mon compte à imageshack et telle ne fut pas ma surprise de voir que quelques secondes après tenez vous bien la photo intèrieure du protégé d'Andy Warhol si je m'abuse qui pose avec un slip blanc à fermeture éclaire fut supprimée parce que j'avais selon eux enfreint la charte du site. L'amballage de ce bon vieux SF continue donc de faire souffrir les âmes sensibles.


Last edited by bd on Wed 27 Dec - 12:38:12; edited 1 time in total

Comments

bd
bd wrote:
Détail amusant et typiquement Stonien : le 1er pressage anglais du LP avait CUN 59100 pour référence qui deviendra vite COC 59100 toujours pour les anglais mais aussi pour les US les français et les allemands. Le pressage français dont je fais référence ici est donc COC 59100


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Sticky fingers: one inclined to steal everything within reach, as if their hands were covered with glue. Used either to describe the culpable thief or the hands themselves. "Hey sticky fingers, you best keep your hands in your own damn pockets."

Produit par Jimmy Miller - Ingenieurs du son: Glyn Johns, Andy Johns et Jimmy Johnson.

Musiciens: Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts, Bill Wyman, Mick Taylor, Nicky Hopkins, Billy Preston, Ian Stewart, Bobby Keys, Jim Price, Jim Dickinson, Jimmy Miller, Jack Nitzsche, Rocky Dijon, Ry Cooder, Paul Buckmaster, Pete Townshend, Ronnie Lane, Billy Nicholls.


Sticky Fingers NDgtNTAwNS5qcGVn


Side 1

Brown Sugar
Sway
Wild Horses
Can't You Hear Me Knocking
You Gotta Move

Side 2

Bitch
I Got the Blues
Sister Morphine
Dead Flowers
Moonlight Mile


Attention chef d'oeuvre. Comme les Beatles avant eux les Rolling Stones 2eme mouture se permettent de sortir plusieurs chef d'oeuvres coup sur coup. Ils vont même plus loin en se payant le luxe de sortir un live anthologique dans la foulée ce que les Beatles n'ont pas réussi à faire.

Malgré l'admiration que j'ai pour 'Bleed' et 'Exile' je pense que 'Sticky' non content d'être LE sommet de la discographie des Rolling Stones balaye toute une époque. C'est un disque avec des musiciens en parfaite osmose avec des arrangements ciselés et d'une subtilité bluffante. En ce début de décennie les choses bougent y'a un truc nouveau dans l'air. On va vers le glam.

Avec son amballage culte estampillé Andy Warhol 'Sticky Fingers' est avec 'Let It Bleed' la déclaration la plus cohérente des Stones. Il est aussi leur premier disque sur leur tout nouveau label étincelant. Ils perfectionnent le son qu'ils forgent depuis des années un alliage de rock et de blues tinté de soul qui restera pour toujours leur marque de fabrique voir leur raison d'être.

Ceci est vraiment la pèriode la plus intérresante du groupe sur 'Sticky' comme sur 'Get Yer' les Stones sont le plus grand groupe de rock 'n' roll du monde. Débarassés de la vieille Decca ils créent donc leur propre label dont le logo fut conçu pour nous faire penser aux Stones au premier coup d'oeil. Dans les interviews d'époque Mick donnait l'impression que les disques des Stones seraient dorénavant vendus au consommateur directement sans passer par l'intermédiaire une maison de disques capitaliste. Un projet qui vous l'aurez compris ne s'est jamais concretisé.

Je ne sais pas si c'était pour abreuver le mythe que Jagger est pingre il y a bien longtemps j'avais entendu dire je ne sais plus trop où que John Pasche le créateur du "tongue and lip design" c'est à dire le logo le plus célèbre du monde de la musique aurait touché la modeste somme de 50 livres pour sa tâche avec tenez vous bien un bonus de 200 livres en 1972. Et il avait cependant continué de travailler pour les Stones jusqu'au moins en 74 c'est lui qui avait fait les affiches des tournées européenes de 1970 et 73 et aussi les affiches de la tournée américaine de 72. J'ai lu quelque part récemment que Marshall Chess aurait contribué lui aussi à la conception du logo.


En ce qui concerne la fondation du nouveau label j'imagine que nous aurons le temps d'en parler pour ma part je ne dispose pas de beaucoup d'info sur le sujet. Pour voir l'histoire dans son contexte les Stones avaient très hâte que leur contrat chez Decca expire. Je ne sais pas quand exactement ils se sont rendu compte que Klein était en possession de leur catalogue de chez Decca mais quand ils ont appris que Marshall Chess avait vendu Chess Records et que celui-ci se regardait autour pour fonder un nouveau label les Stones n'hésitèrent pas. Ensemble ils ont fondé Rolling Stones Records en 1971 un label indépendant avec Chess comme 1er président et Atlantic Records le label légendaire d'Ahmet Ertegün fut leur distributeur dans un 1er temps.

Dans une déclaration qui date de 1971 Keith avait dit qu'ils n'avaient pas l'intention de l'appeler 'Sticky Fingers' ce titre était juste le titre de travail. Il avait cependant précisé que: usually though the working titles stick. Charlie se souvient que comme d'habitude la stratégie de Keith était d'aller enregistrer en pleine tournée pendant que le groupe est en pleine forme ainsi des prises de 'You Gotta Move' 'Brown Sugar' et 'Wild Horses' furent enregistrées vers la fin 1969 aux Studios de Muscle Shoals en Alabama en pleine tournée américaine.


Les sessions le mixage


De 1966 à 1972 les Stones ont enregistré 6 albums aux studios Olympic qui d'ailleurs n'existent plus aujourd'hui ils furent vendus en 2009 soit 3 ans après que le Studio de Muscle Shoals fut classé monument historique en Alabama.

Contrairement aux Beatles par exemple qui enregistraient presque toujours dans les mêmes studios l'histoire des sessions des Rolling Stones est un vrai labyrinth comme on a pu le voir. Beaucoup d'info à ce sujet qui sont dispo dans les bouquins consacrés aux enregistrements des Stones sont basées sur des interviews qui circulent sur des bootlegs ou des conclusions et autres approximations divers il n'y a pas toujours de preuves comme avec Lewisohn qui lui avait accés aux archives des Beatles. Beaucoup d'archives des Stones furent perdues voir détruites avec allez savoir combien de démos.

Je ne m'étais jamais vraiment penché sur la question de la chronologie des sessions de SF. Pour moi cela se résumait plus ou moins sur quelques images qu'on voit dans le film 'Gimme Shelter' et quelques photos du Rolling Stone Mobile. Je vous fait part du résultat de mon enquête sur l'enregistrement et le mixage qui s'étale sur environ deux années je compte sur vous pour corriger des erreurs éventuelles. On peut constater que 'Exile' commençait à prendre forme. Avec des "si" c'est à dire sans l'exile en France SF aurait pu être un double. Seulement 3 chansons qui sont sur l'album êtaient déjà composées avant d'entrer en studio et il avait fallu faire tout le reste pendant les tournées les promo divers les shows télévisés ect.

Du 2 au 4 décembre 1969 les Stones enregistrent aux studios de Muscle Shoals en Alabama. Le 2 décembre ils auraient enregistré 19 prises de 'You Gotta Move' la plupart furent éffacées. Le 3 décembre ils répètent 'Brown Sugar' toute la nuit jusqu'à ce qu'ils optiennent une prise qui leur plaise la track retenue est celle avec Stu au piano et les "oh baby" à la fin. Le 4 décembre ils enregistrent 12 prises de 'Wild Horses' la plupart furent effacées celle avec Jim Dickinson au piano fut utilisée comme démo offerte à Gram Parsons pour sa propre version. Une autre version de 'Brown Sugar' fut couchée cette nuit-là avec un meilleur mix toujours Stu au piano mais pas de saxo. Des séquences de Muscle Shoals furent filmées par les frères Maysles pour le film 'Gimme Shelter' on peut les voir entre autre écouter un playback de 'Wild Horses'.

Mi décembre de l'autre côté de l'atlantic ils continuent de travailler sur 'Brown Sugar' 'You Gotta Move' 'Wild Horses' et enregistrent 'Dead Flowers' aux studios Olympic de Londres. C'est le 17 février 1970 toujours aux studios Olympic qu'eurent lieu les sessions finales de 'Wild Horses' 4 mix différents dont la version qui est sur SF. Ils l'ont vraiment peaufinée celle-là.

De mars à mai 1970 en plus des studios Olympic les sessions se poursuivent dans le Stone Mobile chez Mick dans sa maison de Stargroves ils enregistrent une démo de 'Cocksucker Blues' un petit cadeau spécial pour Decca à qui ils devaient encore un single. 'Dancing In The Light' un instrumental avec Stu au piano Jimmy Miller aux percussions et 'I Got The Blues'. Les titres suivants auraient été enregistrés mais ce n'est pas certain : 'As Now' 'Rock It' 'Travelling Tiger' 'Who Am I?' et la version de ' You Gotta Move' qui est sur SF.

Du 16 Juin au 27 Juillet 1970 retour aux studios Olympic : 'All Down The Line II' et le 'Can't You Hear Me Knocking' avec la jam qui est sur SF avec Jimmy Miller aux percussion Rocky Dijon aux Congas et Bobby Keys au Saxo sont enregistrées avec 'I'm Going Down IV' 'Shine A Light II' 'Who Am I? II' et 'Leather Jacket' un instrumental de Mick Taylor dans la même session. C'est une des sessions de cet album qui donne vraiment envie d'y être. Une session d'enfer.

C'est probable que les titres suivants proviennent de ces sessions mais pas vérifié : 'Aladdin Stomp' 'Candlewick Bedspread' ''Hey Mama' 'Shake Your Hips' 'Stop Breaking Down I' 'Sweet Virginia I'. le travail sur 'Stop Breaking Down' et 'Sweet Virginia' a probablement commencé en Juin 1969.

Du 17 au 31 octobre les sessions se poursuivent entre Stargroves et les studios Olympic : 'So Divine (Aladdin Story) II' un instrumental avec Bobby Keys au saxo 'All Down The Line III' version acoustique mais cela n'est pas verifié 'Bitch I' avec Bobby Keys au saxo Jim Price à la trompette et Jimmy Miller aux percussions puis différents mix de la version III de 'Bitch' dans laquelle on entend des ad-libs vocaux de Mick pendant le solo de Keith et 'Bitch II' avec Bobby Keys au saxo Jim Price à la trumpette et Jimmy Miller aux percussions c'est la version de SF. Une des premières versions de 'Hide Your Love' mais cela n'est pas vérifiè non plus puis 'Moonlight Mile' version SF avec les cordes de Paul Buckmaster 'Potted Shrimps' un instrumental de Nicky Hopkins le 'Red House' d'Hendrix (à vérifier) 'Shake Your Hips II' une des premières versions avec Stu au piano puis une des premières versions de 'Silver Train' avec un coda un peu plus long que la version 'Goats Head Soup' une version 'rough' de 'Stop Breaking Down' toujours Stu au piano 'Sway I' la side B du single 'Wild Horses' avec les cordes et les arrangements de Paul Buckmaster et 'Sway II' la version SF. 'Sweet Black Angel I' qui en est encore au stade instrumental (à vérifier) 'Sweet Virginia II' une des premières versions connue avec Stu au piano Bobby Keys au saxo et pas encore de choeurs 'Traveling Man' Nicky Hopkins au piano 'Tumbling Dice II' avec toujours Nicky Hopkins au piano son titre de travail était 'Good Time Woman' avec un texte différent c'est la version remasterisée d'Exile de 2010.

La nuit du 18 décembre 1970 anniversaire de Keith ils enregistrent la version de 'Brown Sugar' aux studios Olympic avec Clapton à la slide et entre autre quatre nouvelles prises de 'Cocksucker Blues'. 


L'album


Sticky Fingers NDctMzc5MC5qcGVn


Le thème des 10 chansons de 'Sticky Fingers' c'est les femmes le sexe la drogue la lassitude la frustration la dépression un thème qui colle à leurs vies de Stars. Jimmy Miller est l'homme responsable d'avoir avoir mis en boîte les meilleurs albums des Stones soit de 'Beggars Banquet' à 'Goats Head Soup' ici Miller et son team capturent le groove de Bill et Charlie les riffs de Keith les harmonies et les envolées planantes de Taylor la voix de Jagger les cuivres de Bobby Keys et Jim Price la slide de Ry Cooder et les pianos de Nicky Hopkins Billy Preston et Ian Stewart avec une aisance et une précision chirurgicale. Un vrai pro. Keith a écrit dans sa bio qu'au début circa 'Beggars Banquet' si Mick était plus réservé pour l'employer Keith avait tout de suite reconnu des qualités excellentes en l'homme de plus il était fan de ses productions comme l'album de 'Blind Faith' le 'Spencer Davis Group' ect.

Keith se souvient qu'ils avaient tous été surpris après sa sortie de constater combien cet album semble s'être fait tout seul. Il garde des bons souvenirs de ces sessions éparpillées sur 2 ans et 2 continents malgré le fait qu'il était en tournée la plupart du temps. 'Sticky Fingers' est un des trois préférés de Keith avec 'Beggars Banquet' et 'Let It Bleed'. 'Sticky' est l'album préféré de Mick Taylor de la pèriode où il était un Rolling Stone. Dans son livre Keith remarque que quelques unes des compositions de SF sont liées au fait qu'il savait à l'avance que Taylor allait trouver le bon plan. Je suis un de ceux qui avait déploré le départ de Taylor de chez les Stones c'était terrible. L'arrivée de Ron Wood avait eu le mérite de coincider avec la tournée où j'avais enfin pu les voir. 


BROWN SUGAR


I've got a new one myself. No words yet, but a few words in my head - called Brown Sugar - about a woman who screws one of her black servants. I started to call it Black Pussy but I decided that was too direct, too nitty-gritty.
- Mick Jagger, December 2, 1969, on the way to Muscle Shoals Studios from Stanley Booth's The True Adventures of the Rolling Stones.

J'ai longtemps cru que le riff était de Keith en fait le riff de 'Brown Sugar' est un riff signé Mick Jagger. Il se souvient avoir composé la mélodie en Australie pendant le tournage de Ned Kelly quelque part entre Melbourne et Sydney. L'intro est magique puis il y a cette guitare acoustique qu'on entendra plus jamais en live. La combine de Keith de se servir de guitares acoustiques pour faire ombre aux électriques fonctionne à merveille sur 'Brown Sugar'. Dans le livre de Keith on apprend que Mick a écrit le texte dans le studio en 45 minutes et le 'Skydog' sur le 1er couplet est bel et bien une référence à Duane Allman guitariste des Allman Brothers mort fin 71 d'un accident de moto. 'Sydog' c'était son surnom à Muscle Shoals. Juste après Muscle Shoals les Stones avaient testé 'Brown Sugar' sur scène à Altamont ils étaient conscients qu'ils venaient encore de pondre un gros truc. C'est une de celles qui étaient déjà rodées bien avant de tourner sur nos platines en single ou album.

La version enregistrée pour l'anniversaire de Keith le 18 décembre 1970 aux studios Olympic avec Clapton à la slide est pas mal mais je préfère la version de SF. C'est d'ailleurs un peu le modèle sur lequel Mick et Keith écriront d'autres tubes dans le futur mais celle-ci est une référence c'est une des Big 5 des Stones aux côtés de ' Satisfaction' 'Paint It Black' 'Jumpin' Jack Flash' et 'Honky Tonk Women'.

'Brown Sugar' fut publié sur les compiles 'Hot Rocks, 1964-1971' 'Singles Collection: The London Years' 'Jump Back: Best of 71-93' et 'Forty Licks'.

SWAY

On entend la voix de Keith dans les choeurs avec ceux de Pete Townshend Ronnie Lane et Billy Nicholls mais il ne joue pas de guitare sur 'Sway' cette grosse rythmique bien grasse eh oui c'est bien Mick. J'imagine que Keith lui a confié sa place avec regret selon lui Mick se débrouille pas mal avec une acoustique mais l'électrique c'est pas du tout son truc. Taylor s'occupe de la slide et du solo. C'est une des 3 chansons de cet album qui m'avait prit du temps à apprivoiser. La guitare me gavait et les it's just that demon life has got me in its sway je les trouvais trop répétitif. Le grand moment de 'Sway' c'est le solo anthologique de Taylor. Et bon sang quel beat le Charlie. Les années ont passées maintenant je trouve que c'est une des harmonies les plus collantes d'un lot d'harmonies pourtant bien collantes dans l'ensemble.

WILD HORSES

Du très grand Jagger/Richards. 'Wild Horses' est une des plus belles perles de leurs créations acoustiques. Des l'intro moi je fond. Childhood living is easy to do. Un peu comme mon "syndrome Let It Bleed" ça me fait un bien pas possible de revivre certaines scènes de ma vie grâce à la magie de la musique. Quand on écoute attentivement cette chanson on ne peut que réaliser qu'on est face à un vrai petit monument au sein d'un plus grand monument qui est SF. Avant que Charlie déboule sur le refrain et les choeurs de Keith écoutez bien les deux guitares acoustiques une des deux est une douze cordes et la slide au milieu c'est divin. Et dire qu'à la base c'était juste une berceuse que Keith avait écrite pour son fils Marlon mais Mick qui est un excellent lyriciste l'avait peaufinée à Muscle Shoals. Sur cette chanson que dis-je sur tout ce disque Mick Jagger est le meilleur chanteur du monde.

CAN'T YOU HEAR ME KNOCKING

Un monument de rock de blues de funk. Dans Life Keith expliquait que le riff lui est venu sans chercher. Ils avaient jammé dessus lui et Charlie et tout le monde disait que c'était sacrément groovy. Une des préférées de Mick Taylor qui se souvient que la jam à la fin n'était pas prévue. Ils étaient là à jammer dans le studio sans savoir que les bandes tournaient dans la cabine. C'est après quand ils ont entendu la bande qu'ils ont realisé qu'il y avait deux parties : la chanson et la jam. Donc le plus grand solo de Taylor en studio fut enregistré alors qu'il ne savait pas qu'on enregistrait. Cette anecdote en dit beaucoup sur l'éfficacité de Miller et son team. Tout est immense sur ce titre un riff meurtrier de Keith qui cisaille les baffles comme une lame de razoir un Jagger bien teigneux un Taylor qui visite les sonorités de Santana des percus sur un tempo de samba on voudrait que ces 7 minutes 17 ne s'arrêtent jamais.

YOU GOTTA MOVE

Les Stones s'approprient le 'You Gotta Move' du vieux Fred Mcdowell c'est devenu la nouvelle habitude de Mick et Keith que de réinventer complètement des blues traditionels comme le 'Prodigal Son' de 'Beggars' et le 'Love in Vain' de 'Let It Bleed' de garder la structure et réinventer des arrangements. Les slides sont de Mick Taylor et Keith. C'est tout de même le truc parfait pour fermer une face parfaite de son état. Je crois que jusqu'ici on s'en prend tous plein la gueule et il n'y a pas de raisons pour que ça change alors on retourne le disque.

BITCH

Même principe que le single 'Brown Sugar' c'était aussi le choix parfait pour ouvrir la side B de l'album il fallait quelque chose qui dépote et 'Bitch avec ses cuivres Motown remplit aisément cette fonction. Le groove est tout à fait digne des plus grands du rythm and blues. Bobby Keys et Jim Price font un sacré bon boulot sur un riff encore trouvé par Keith. La version mono single est pêchue je lui préfère néanmoins la version large de SF. Comme sur toutes les chansons de cet album Mick Jagger est au sommet de ses capacités vocales ce qui est une des raisons pourquoi la place de SF dans la discographie des Stones est tout en haut.

I GOT THE BLUES

If you don't believe what I'm saying at 3 o'clock in the morning baby, I'm singing my song for you. C'est d'une précision et d'une beauté angélique rassurez moi et dites moi que je ne délire pas. Le rendu est basic c'est juste du blues mais il y a un certain feeling une pureté dans la voix lasse de Mick c'est simplement grandiose avec l'orgue de Billy Preston le sax et la trompette de Bobby Keys et Jim Price la messe est dite . C'est une des chansons phares de l'album pour sûre. Ecoutez la version live au Marquee Mick délivre une performance vocale presque similaire à la version de l'album qui n'est pas encore sortie à ce moment. Y'a aussi un solo de Taylor à tomber sur cette version du Marquee. On est loin du concert d'Hyde Park. Ici les deux Mick se complètent à présent chacun dans leur art respectif. Taylor est toujours très rapide à réagir aux demandes de Jagger et Jagger s'inspire beaucoup sur le lead de Taylor pour ses gesticulations scèniques. Sur la version mono promo de 'I Got the Blues' dispo en bootleg on entend le vinyle crépiter j'aime beaucoup la grâce authentique de cette version.

J'ai toujours pensé que le jour de la mort d'Otis Redding le monde a été privé d'une cover qu'Otis aurait fait de cette chanson. Une des missions d'Otis fut d'enregistrer 'Satisfaction' mais hélas il n'aura pas eu le temps d'enregistrer 'I Got the Blues'. Regret éternel. Cette chanson était faite pour lui nan mais là c'est juste mon petit délire personnel ne faites pas attention.

SISTER MORPHINE

Enregistrée aux studios Olympic lors des sessions de 'Let It Bleed'. Y'en a qui la trouvent morbide. Certains ne l'aiment pas bon alors là c'est subjectif. Moi je l'adore. C'est pas à propos de la drogue dixit Mick c'est l'histoire d'un accident. Mouais comme tu veux Mick. Ce qui est certain c'est que c'est un moment intense. D'une certaine manière les chanteurs sont des comédiens ils doivent modeler leur texte à leurs émotions ou le contraire si vous préférez d'ailleurs sur scène les incarnations divers c'est l'essence même de Jagger combien de fois a-t-il incarné Satan. Sur cette chanson il incarne un junkie d'une façon touchante oh and I don't think I can wait that long, oh you see that I'm not that strong. Toujours est-il que ode à la morphine ou pas cette chanson ne fut pas écrite pour donner envie d'en prendre bien au contraire. La slide de Ry Cooder évoque le cauchemar de la décroche à la perfection. Cela dit on peut affirmer que Mick aura fait tout ce qu'il peut pour être admiré des uns et détesté des autres. La phrase please sister morphine turn my nightmare into dreams à mon avis ne suffit pas pour certifier que c'est une chanson pro morphine ceci était apparemment une idée de Marianne Faithfull dont la version je ne suis pas fan soit dit en passant. Et je crois savoir qu'elle était bien placée pour en parler c'est certain que la morphine ça fait du bien quand tu as mal et même si tu as mal nulle part tu peux aussi en prendre mais ça finit toujours mal. De nouveau la décroche c'est une vraie salope. Décrocher de l'opium ou de la morhine ca fait mal. La décroche d'heroine c'est pire mais alors la décroche d'héroine et de cocaine (speedballs) le cocktail de Keith de cette époque on en parle même pas. L'horreur. Il écrit dans sa bio que si Mick avait choisi la flatterie pour faire face à l'audience lui il avait choisi la drogue. Avec Anita il a du assumer plus de décroches qu'il a envie de se rappeler. Cet homme est un héros pour avoir survécu cet enfer.

DEAD FLOWERS

Quand les Stones font du country rock c'est parce qu'en fait ils ne se sentent pas si éloignés de ce genre. C'est Mick qui chante mais Keith aurait très bien pu assurer le lead au lieu du backing. Mick lui-même disait que c'était bien dans les cordes de Keith. Il faut dire qu'ici l'exercice de style est super réussi tant au niveau musical tant au niveau du texte qui est marrant. Encore une fois on applaudit Taylor pour sa précision harmonique et ce beau petit solo. Avec 'I Got The Blues' 'Can’t You Hear Me Knocking' 'Wild Horses' 'Bitch' et 'Brown Sugar' 'Dead Flowers' était sur la setlist du "Goodbye Tour" Anglais de 4 au 14 Mars 1971 et ils semblaient s'éclater à la chanter pendant la tournée 1972. Je pense aussi à la version live au Marquee les ''glimmer twins' brillent comme des Limousines sur ce refrain. 

MOONLIGHT MILE

Dans ma vie la sortie de ce disque coincide avec mon arrivée à Paris. C'est marrant juste au moment où les Stones fuient les taxes de sa Majesté la Reine ils s'exilent sur la côte que je venais juste de quitter. Comme pour célébrer ma 1er vraie chaîne hifi SF passait en boucle mais je me souviens que pour au moins trois chansons cela avait été loin d'être le coup de coeur à la première écoute ainsi à ma grande honte je cite 'Sway' pour les raisons évoquées plus haut 'You gotta move' que je trouvais gnan gnan sans finesse 'et 'Moonlight Mile' que je trouvais long et anecdotique. Avec les années heureusement j'ai vu la lumiêre et maintenant j'adore tout.

Je ne sais pas vous mais quelques secondes avant la fin de 'Moonlight Mile' j'entends toujours le riff piano accéléré de 'She's a rainbow' c'est une habitude. Je crois que c'était aussi ce côté fareout que j'aimais pas au début mais bon sang quelle conclusion éloquante pour un album si intelligent. Le texte est très poétic et ça colle avec l'arrangement des cordes. C'est la seule piste de l'album où l'on ne trouve aucune trace de Keith. Taylor se souvient que Jagger lui avait chanté la mélodie dans un wagon de train 1er classe entre Londres et Bristol. Ils ont ensuite embelli la chose à Stargroves où Taylor contribue le riff basé sur les cordes. En conclusion j'imagine le 'Moonlight Mile' comme un rêve que pourrait faire un rock star en pleine tournée dans un motel rempli de hookers de dealers et de Mexicains en cavale mais en fait le moonlight mile était tout simplement un terme employé pour décrire un trip à la cocaine.

Le 26 mars 1971 peu après le "Farewell Tour" une mini tournée du royaume uni pour dire adieu à leurs fans anglais soit un mois avant la sortie de SF les Stones se produisent au Marquee Club de Londres pour 2 concerts privés et on y avait eu droit à la télé dans nos contrées.


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Artwork

La pochette de SF est certainement unique dans son genre ce qui symbolise assez bien le contenu. Je pense que c'est Mick qui avait demandé à Warhol de faire une pochette et ce dernier aura vraiment tapé dans le mille avec sa 'zipper cover' qui avait si marquée le régime franquiste au point de la censurer pour en imposer une qui est certainement plus choquante pour un ado que l'anatomie entre le dessous du nombril et le dessus des genoux d'un male en jeans. Mais je constate que cette pochette dérange toujours. Il y a seulement 2 jours de cela j'ai héberge la pochette et l'artwork qui est à l'intèrieur sur mon compte à imageshack et telle ne fut pas ma surprise de voir que quelques secondes après tenez vous bien la photo intèrieure du protégé d'Andy Warhol si je m'abuse qui pose avec un slip blanc à fermeture éclaire fut supprimée parce que j'avais selon eux enfreint la charte du site. L'amballage de ce bon vieux SF continue donc de faire souffrir les âmes sensibles.
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